vendredi 25 septembre 2015

Minecraft ou le survivalisme capitaliste

Les médias populaires et leur évolution peuvent souvent nous donner un aperçu intéressant et inattendu de l'air du temps d'une certaine période historique. C'est particulièrement le cas des jeux vidéos qui, de par leur nature, se retrouvent imbriqués dans la société contemporaine d'une manière parfois encore plus aiguë que d'autres produits culturels. La part active que le jeu vidéo exige de nous fait de lui un outil d'appropriation importante des codes de la conjoncture historique donnée, un instrument par lequel on peut acquérir progressivement une maîtrise sur une situation a priori chaotique et défavorable, d'autant plus que ce processus d'apprentissage s'adresse – malgré le vieillissement des premières générations de gamers – tout d'abord aux plus jeunes générations qui font ainsi souvent par là leur première expérience de « travail » autonome.

Aujourd'hui on veut se concentrer tout particulièrement sur un genre de jeu vidéo très spécifique qui semble avoir un succès grandissant. Nous parlons des jeux dits de survie qui dans leurs différentes déclinaisons peuplent aussi bien le marché vidéoludique que les chaînes YouTube.

lundi 28 juillet 2014

La dialectique peut-elle casser des briques ? [SCRIPT INTEGRAL]

Cette page contient la première retranscription intégrale du script du film de René Viénet La dialectique peut-elle casser des briques ? Etant donné l'intérêt de ce film culte pour le militant quelque peu gauchisant et l'absence d'un travail analogue à celui qui a été accompli pour d'autres classiques du détournement, nous nous sommes résolus à rendre disponible pour la postérité ce document en accès libre comme l'est déjà depuis un certain temps le film lui-même.

dimanche 6 avril 2014

Politiques de la désidentification

Ce billet a été co-rédigé par l'auteur de ce blog et l'auteur du blog Socialisme critique. Il est le fruit d'échanges intenses et réguliers qui ont lieu sur plusieurs mois. La convergence de nos intérêts et la complémentarité de nos perspectives nous ont conduit à la décision de prendre position sur l'un des débats les plus animés de l'époque actuelle. Nous espérons pouvoir apporter un regard critique neuf par le rappel de références hélas trop méconnues, mais importantes afin de remettre en perspective la question et de stimuler l'imagination d'alternatives possibles.

Ceux qui s’intéressent aux questions sociales en conviendront : les problématiques de genre, de race et de classe sont appréhendées d’une manière différente que par le passé, ce qui entraîne nombre de remises en question, de crispations, voire de désillusions. Le contexte contemporain, entre post-colonialisme, chômage de masse et domination de l’idéologie réactionnaire, conduit à une incompréhension lancinante au sein du camp progressiste, conduisant ceux qui étaient naguère alliés à s’entre-déchirer. Ce constat n’est pas neuf. Au contraire, son évidence se révèle chaque jour avec plus d’éclat. Et c’est pour cela qu’il devient urgent d’y apporter des éléments de réponse, ou peut-être des pistes pour l’action.
Notre souci dans cet article est d’élaborer une stratégie antiraciste radicale de gauche susceptible de s’étendre aux masses. Le qualificatif « de gauche » est ici important. Un des problèmes structurels de l’antiracisme contemporain est en effet, pour une certaine part, sa profonde méconnaissance des mouvements d’idées, issus de l’extrême-droite, qui soutiennent les thèses racistes, racialistes, et ethnodifférencialistes. Cette méconnaissance, compréhensible pour des raisons évidentes, conduit à maintes situations paradoxales, où souvent le discours antiraciste se révèle être une simple inversion du discours raciste, jusqu’à en devenir le miroir, basé sur les mêmes principes, obéissant aux mêmes logiques, mais aux points de départ et d’arrivée intervertis, et ce même si sa légitimité est évidente. D’autre part, ce même antiracisme méconnaît aussi de manière plus subreptice comment le libéralisme investit le discours antiraciste et la question de la diversité culturelle afin d’occulter le problème de l’inégalité sociale. Or nous verrons que non seulement le multiculturalisme libéral n’est pas une réponse au problème du racisme, mais il constitue aussi un cadre dont l’extrême-droite peut très bien s’accommoder pour empêcher que l’on puisse poser radicalement la question de l’injustice sociale et de l’émancipation vis-à-vis du système inégalitaire.